Ne cherchez donc pas dans vos livres!
Est-il si compliqué de vivre?
Quel mal ils m’auront fait, ces tristes médecins…
Je ne dis pas que ce soit à dessein
Et l’on n’est pas toujours exprès des assassins;
Mais tant de drogues, de piqûres,
Et si peu de savoir? Ils me tueront, c’est clair.
Me laisser tant souffrir, souffrir tout un hiver,
Pour jouer ensuite aux Augures!
Je les vois en bouchers me palper tour à tour,
Puis s’enfermer d’un air sinistre
Conseil de guerre? de ministres?
Concile? Ou, verrous clos, sous l’abat-jour,
La conspiration de mélo, dans la cave?
Je rirais bien, si ce n’était beaucoup plus grave.
Mais il s’agit de moi qui ne sais rien
Et de ces gens à qui, dirait-on, j’appartiens,
Parce qu’ils font semblant de savoir quelque chose.
Bouchut en sait mille fois plus, hélas!
Mon vieux Bouchut qui prend son herbe et se la dose
Et toujours se guérit des misères qu’il a
Sans en chercher la cause…
Vieux Bouchut, vieux Bouchut, dans ton bain de soleil,
Tu te moques de leurs remèdes!
Ton ventre est chaud, ton petit nez vermeil.
Tu me suffis, Bouchut. Viens à mon aide…