Que m'importe la renaissance
De l'allègre et fidèle été ?
J'ai fini mon éternité,
Amour ! mon unique espérance !
Mes regards n'ont jamais cherché
Que ta présence insidieuse ;
L'azur est noir, la mer est creuse
Si soudain ton œil m'est caché.
Ma tristesse contemplative
Guettait tes dangers évidents ;
— Est-il nécessaire qu'on vive
Si le destin devient prudent ?
L'homme s'efforce, endure, pense,
Il veut contraindre l'avenir;
— On ne vit que pour t'obtenir,
Amour ! unique récompense.
Parfois j'évitais tes regards.
Je fuyais ; ta force latente
Me rassurait de toutes parts :
C'est une ivresse que l'attente !
J'entendais, dans les calmes soirs,
Bouillonner vers moi l'invisible ;
Qu'il est doux de ne rien avoir,
Alors que tout semble possible !
Il n'est rien pour- moi de réel,
Désir ! hormis toi, dans l'espace ;
Ton haleine éternelle passe
Entre les tombeaux et le ciel;
Sans qu'on te voie ou qu'on te nomme
C'est toi la seule activité,
Compagne unique de l'homme :
Promesse de la Volupté !