A ceux qui veulent rester esclaves

Puisque le peuple veut que l’aigle impériale
Plane sur son abjection,
Puisqu’il dort, écrasé sous la froide rafale
De l’éternelle oppression ;

Puisqu’ils veulent toujours, eux tous que l’on égorge,

Tendre la poitrine au couteau,

Forçons, ô mes amis, l’horrible coupe-gorge,

Nous délivrerons le troupeau !

Un seul est légion quand il donne sa vie,

Quand à tous il a dit adieu :

Seul à seul nous irons, l’audace terrifie,

Nous avons le fer et le feu !

Assez de lâchetés, les lâches sont des traîtres ;

Foule vile, bois, mange et dors ;

Puisque tu veux attendre, attends, léchant tes maîtres.

N’as-tu donc pas assez de morts ?

Le sang de tes enfants fait la terre vermeille,

Dors dans le charnier aux murs sourds.

Dors, voici s’amasser, abeille par abeille,

L’héroïque essaim des faubourgs !

Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes,

Venez, c’est l’heure d’en finir.

Debout ! la honte est lourde et pesantes les chaînes,

Debout ! il est beau de mourir !