Il me faut rimer sur un conflit
qui a fait et qui fera
dépenser beaucoup d'argent :
Les choses en ce monde n'en iront pas mieux.
Les clercs de Paris
(Je parle de ceux de l'Université,
en particulier de la Faculté des Arts,
non pas des hommes d'âge pleins de vertu)
sont entrés en conflits les uns avec les autres :
rien de bon n'en sortira, je crois ;
il n'en sortira que des mots et des tourments,
c'est ce qui arrive déjà jour et nuit.
Est-ce bien une chose à faire ?
Le fils d'un pauvre paysan
viendra étudier à Paris ;
tout ce que son père pourra gtatter
sur un arpent u deux de terre,
il le donner tout entier à son fils,
pour qu'il se fasse honneur, qu'il se fasse estimer,
et lui, il en reste ruiné.
Une fois le jeune homme arrivé à Paris
pour faire ce à quoi il s'est obligé
et pour mener une vie honorable,
il inverse la prophétie d'Isaïe :
ce qui fut gagné par le roc et la charrue,
il le convertit en équipement militaire.
Il regarde dans toutes les rues
où il peut voir une jolie traînée ;
il regarde partout, partout il traîne ;
son argent fuit, ses habits s'usent :
tout est à recommencer.
De telles semailles ne sont guère fécondes.
En Carême, quand on doit agir
de façon à plaire à Dieu,
ils revêtent un haubert à la place d'une haire
et boivent jusqu'à en être assommés ;
à trois ou quatre
ils font se battre quatre cents étudiants
et arrêtr-er les cours de l'Université :
n'est-ce pas là un grand malheur ?
Dieu ! Il n'est pas pourtant de vie si honorable,
pour qui aurait envie de bien se conduire,
que celle du véritable étudiant !
Ils endurent plis qu'un portefaix,
dès lors qu'ils veulent étudier sérieusement ;
ils ne peuvent pas songer
à s'attarder longtemps à table :
leur vie est aussi méritoire
que celle de n'importe quel moine.
Pourquoi partir loin de chez soi,
s'en aller dans un pays étranger,
si c'est pour y devenir un fou parfait
alors qu'on doit apprendre la sagesse,
pour y perdre son argent et son temps
et pour faire honte à ses amis ?
Mais le mauvais étudiant ne sait ce qu'est l'honneur.