Le bucher de santal

CEPENDANT qu’à travers l’océan Pacifique
Un Anglais naviguait, morose et magnifique,
Dans une île odorante, où son brick aborda,
Une reine, une enfant qui se nommait Ti-da,
Lui jeta ses colliers de brillants coquillages,
Prête à le suivre, esclave, en ses lointains voyages ;
Et, pendant trente nuits, son jeune sein cuivré
Battit d’amour joyeux près de l’hôte adoré,
Dans des murs de bambou, sur la natte légère.
Mais avant que finît celte lune si chère,
Pour l’abandon prévu, douce, d’un cœur égal,
Elle avait fait dresser un bûcher de santal.
Et, du brick qui lofait, lui, pâle, sans surprise,
Vit la flamme, et sentit le parfum dans la brise.