Avec sa sœur, dans la prairie
Où Phylax rêvait à l'écart,
Folâtrait sur l'herbe fleurie
Un bel enfant au fin regard.
La sœur, à l'enfant, sur la bouche,
Imprima ce baiser du cœur
Qui transmet l'âme à ce qu'il touche
Et lui donne tout un bonheur.
L'enfant courut, pencha la tête,
Tendit les bras et vint poser,
Avec un beau rire de fête,
Au front du rêveur ce baiser.
Phylax sentit languir son âme ;
Un voile sur lui s'étendait ;
Une subtile et douce flamme
De son cœur tremblant débordait.
Eperdu de celte merveille,
Il se dit : « Sous un autre ciel,
Telle, autrefois, on vit l'abeille
Des Muses transmettre le miel. »
Mais, tandis qu'au divin Homère
Ce baiser le fesait songer,
Tout bas, la sœur au petit frère
Disait : « Merci ! doux messager ! »
Depuis lors, plus d'heure inquiète ;
Leur mystère s'est éclairci;
Chacun sait qu'on l'aime et répète :
Merci ! doux messager, merci !