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DESSIN PAR M. C. DOUSSAULT
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Elle savait donner un tel charme à ses danses
Qu'avec ravissement l'œil suivait leurs cadences,
Soit que le tympanum agité bruyamment
De ses pas onduleux, rhythmât le mouvement,
Soit lorsque, entrechoquant le cuivre des cymbales,
Elle imitait le cri des stridentes cigales
Et rapide tournait, semblable aux papillons
Qui promènent dans l'air de brillants tourbillons.
Fléchissant sous le poids d'une sombre pensée,
Elle penchait le front comme une fleur blessée ;
L'éclair des passions enflammait son regard ;
On la voyait bondir, s'élancer au hasard,
Comme, dans les fureurs dont Vénus la transporte,
Aux champs Thessaliens la cavale s'emporte.
Folâtre ou languissante, à ses charmes vainqueurs
Elle enchaînait toujours les esprits et les cœurs;
Son pas les enlaçait doux, fort comme ces mailles
Où la reine de Gnide et le dieu des batailles
Par des nœuds si puissants se sentirent serrer,
Que leur divinité ne put les délivrer.
Vestale ou courtisane, affranchie ou matrone,
Toute femme lançait à ses pieds la couronne ;
Les chevaliers ravis lui jetaient leurs anneaux;
Les licteurs devant elle inclinaient leurs faisceaux,
Et le divin César, si calme dans sa gloire,
Tressaillait éperdu sur son trône d'ivoire!