Baisers

Ma fillette, ma sœur, mon cœur, ma jalousie,
Ma joye, mon soucy, mon heur, et mon malheur,
De mon chaste vouloir et la perle, et la fleur,
Qui porte en tes beaux yeus et ma mort et ma vie :

Je languis, je me meurs, si vous n'avez envie
De me donner secours par la douce faveur
D'un doux baiser, confit en la céleste humeur,
Qui coule en la pressant de ta bouche, m'amie.

Je finiray mes jours, car j'ayme tant ces yeux,
Ces roses, ces œillets, ces souris gracieux,
Et sur tout vostre sein, et vostre lèvre tendre :

Que si pour me guarir je ne reçoy de vous
Un humide baiser sous un visage doux,
Vous verrez tost réduit mon pauvre cœur en cendre.