L’Enfant béni
À Marie B…
Puisque la Vierge vous défend,
Je vais là-bas, mon doux enfant,
Vous chercher des choses jolies,
Des fuseaux, des perles polies,
Qu’on donne aux anges d’ici-bas ;
Vous en aurez ; ne criez pas.
Laissez couver le feu qui dort ;
Jouez loin de ses rayons d’or :
Il consumerait vos dentelles
Et vous, nos espérances belles !
Le feu ne doit pas se toucher :
Il ne vient que trop nous chercher.
En prière il faut vous tenir,
Pour m’entendre au loin revenir.
Gardez-vous d’ouvrir à personne,
Aussi fort que la cloche sonne ;
Quand même ce serait le roi,
N’ouvrez qu’à Dieu, n’ouvrez qu’à moi !
Enfant, puisque Dieu vous bénit,
Et verse du blé sur le nid,
À présent tout rit sur la terre ;
Car, dans un doux coin solitaire,
Un fruit mûr, un peu de froment,
Font tourner la terre gaîment !
La Vierge aime à suivre des yeux,
L’âme qu’elle a nourrie aux cieux ;
Et quand votre mère est sortie,
Près de l’Enfant-Jésus blottie,
Vous n’avez qu’à bien écouter :
Votre âme l’entendra chanter !