La palais hanté

à Génica Atanasiou.


Dans la verte vallée où règnent les bons anges
Jadis un beau palais, un rayonnant palais
S’élevait
Le Roi Pensée avait ses assises étranges
Dans ce palais.
Et la terre n’offrit jamais à ses bons anges
Pour y déployer leur vol
Un plus merveilleux palais.
Il était couronné de flammes, il était,
Il était tout illuminé.
Or ceci se passait dans l’au-delà des temps.
Et chaque fois qu’un vent venait mouvoir ses plantes
Venait virevolter sur ses pierres brillantes
Un arôme montait qui défiait le temps.

Si vous étiez passés, voyageurs attardés
Ô passants égarés des routes de la fable
Vous eussiez à travers les vitres ineffables
Vu des âmes au son d’un luth se démener
Dans un ordre parfait
Autour du trône où se tenait
Dans sa pose fantomatique
Le Maître, le Porphyrogénète, le Roi
Majestueusement, du Palais fantastique.
Mais un jour s’éploya le vol des noirs esprits
Ils passèrent comme une vague de ténèbres
Sur le palais. Hélas la tempête funèbre
N’a plus laissé sur son passage qu’un long cri
De désespoir, et le saccage de la gloire
Du Monarque prestigieux dont la mémoire
N’est plus que le rêve d’un rêve
Et passant, à travers le palais déserté,
Vous verriez, à travers les fenêtres mourantes
De vastes ombres sans but se démener
Dans l’atroce concert de musiques stridentes
Tandis qu’un peuple fou vers les portes rué
Déferle pour l’éternité et se démène,
Et rit, – mais ne peut plus sourire.